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Clowns Sans Frontières à Kinshasa
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5 mars 2011

Carnet de route du 5 mars

Ca y est cela fait deux semaines que nous sommes ici. Ce temps précis paraît être 2 jours ou bien 2 mois c’est tout à la fois.

Comme le dit Papa Audy, l’ « équipe » est au grand complet. Elle est motivée, motivante, étonnante et surtout au bout de 13 jours, soudée. Les représentations au nombre de 10 se sont passées, bien passées dans les différents centres pour enfants des communes de Kinshasa. Nos apprenties comédiennes ont avancé, évolué, changé durant ces jours de jeux mais aussi de vies passés ensemble.

Le premier jour de création, le lundi 27 février, les clowns se réunissent pour la première fois. Les filles du centre BBS ne sont pas toutes là, l’une d’elles manque, Carmelle, un problème de deuil la retenant ailleurs. On est là, assis autour d’une table, buvant du thé, du café, mangeant des beignets ou des sandwichs à l’omelette. Chacun regarde son voisin, les grands observent les filles, les filles discutent entre elles, un peu intimidées, piquent un instrument de musique et pianotent dessus, détachées. On sent l’envie mais le courant n’est pas encore arrivé. On attend, on se sent, on se regarde et bientôt Papa Audy va nous faire monter sur scène pour commencer à travailler, à partager par le jeu, à se rencontrer par ce conducteur qu’est l’art entre personnes de différentes cultures.

Je me rappelle de l’arrivée des filles.

Charlène, tressée à base de perles et de fils de laines. Un visage dur, soutenant, touchant. A ses côtés une autre jeune fille, employée comme nounou pour l’occasion, portant dans ses bras Joyce, bébé de 4 mois, fille de Charlène. Si jeune fille déjà maman. On sent dans le visage de Charlène, une détermination, une force de leader, une jeune fille voulant faire et être avec les autres. Discrète (au début), peu bavarde (au départ) et attentive à chaque geste des personnes présentes.

Bebita, quant à elle, visage très fermé, interrogative, renfermé sur elle-même et tourné vers les gens qu’elle connaît. A l’écoute de Reagan et se concentrant sur les instruments de musique que celui-ci avait emmené. Elle ne regarde pas vraiment, n’écoute pas vraiment (Bebita est originaire d’Angola, elle parle le lingala mais très peu le français). Mais on sent qu’elle s’interroge, qu’elle se pose des questions, qu’elle est curieuse de ce qui va se passer. Elle n’a pas de coiffure contrairement aux autres filles, est venue avec un pagne et ne sait pas trop comment se tenir. On commence par lui acheter un pantalon pour travailler et la première séance de travail peut démarrer!!!

Cette séance commence par un cercle où l’on chante et danse, pour se réunir, se chauffer les voix, les corps et pour se regarder. Le travail se poursuit avec la présentation de ce que les filles ont appris pendant les ateliers de danse et de musique avec Reagan. Elles sont toutes les deux sur scène avec Widjo, elles se lâchent, ne voient pas les gens qui les regardent, n’en sont du moins pas dérangées. Elles sont en confiance, en repère avec Reagan et Sidi, chefs d’orchestre de ce temps de travail.

Puis pour ne pas les laisser travailler « seules », les artistes s’y mettent. Un travail de chœur commence pour lancer la trame du spectacle et…ça y est les première journée est bien entamée. Le contact a été établi maintenant à nous tous de maintenir ce courant.

Deuxième jour, nous rencontrons Carmelle, la merveilleuse!

Très différente, unique comme les deux autres. Plus expressive, plus femme, plus expansive, un visage, une voix, un corps. Carmelle n’a pas assisté au premier jour de travail, elle arrive et se met à l’ouvrage. On sent en elle plus de libertés, de recul quant à sa situation. Elle est dure aussi, ne se laisse pas faire, parle fort. Elle suit le travail, s’investit dès les premiers pas.

Toutes aiment être sur scène et ça se sent! La semaine avec tout le groupe a commencé donc il n’y a plus qu’à!

Les jours s’enchaînent, placé sous le signe du jeu, du rire, de la découverte et surtout des idées. Il nous reste cinq jours pour monter un spectacle dont un jour sera réservé à la construction. Les filles changent, s’adaptent, arrivent tous les jours de mieux en mieux coiffées, habillées, pressées... de jouer! Elles arrivent tôt pour déjeuner avec nous, il n’est pas 8h30 et pourtant on voit le portail s’ouvrir. Et les filles surgissent, souriantes avec énergie. Elles sont dures, oui certes mais fortes et avides d’apprendre, de se laisser aller au jeu, à la vie.

Les six jours de création ont eu lieu avec des hauts et des bas, des retards, des tensions mais surtout un réel moment de partage et de découverte de l’autre, pour ce qu’il est. Les filles sont un vrai moteur pour la bonne marche de ce quotidien, un besoin pour l’avancement de ce spectacle et surtout de ce projet, de cette mission clown 2011. Elles sont au cœur de nos préoccupations, de nos décisions quotidiennes et elles y participent dans ce qu’elles expriment. Cet apprentissage les transforme, elles restent elles-mêmes mais elles grandissent, avancent, changent leur façon de voir et de penser  les choses, à petite et grande échelle. La route est encore longue mais les chemins sont bons!!!

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