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Clowns Sans Frontières à Kinshasa
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4 janvier 2008

Sorties nocturnes

La première phase de création est terminée. Les duos autour de la manipulation de marionnettes fonctionnent bien, ouvrent de nombreuses pistes de recherche. Nous nous focalisons donc là-dessus. Le travail sur les petits univers intimes de manipulation d’objets (à base de boîtes de vendeurs ambulants ou autre) débutera dés que les propositions de marionnettes seront posées et rodées. Nous voulons assez rapidement avoir diverses formes d’interventions pour pouvoir choisir le dispositif adapté en fonction du lieu, de l’heure, du nombre d’enfants, de leur âge, de leur état d’excitation du moment.

Nous avons déjà fait deux tentatives nocturnes avec les trois duos. La première dans le quartier où nous vivons, une solution sûre pour tester un travail tout frais. Le retour des enfants est plus que positif, on obtient une vraie attention pendant les 45 minutes des trois duos enchaînés, l’équipe est rassurée, le moral est au beau fixe.

Hier soir (mercredi 2), c’était une toute autre histoire, le premier crash test des propositions en milieu ouvert avec le centre médical mobile de l’ONG ORPER. C’est les retrouvailles avec ces gamins rencontrés en mars dernier. Ils nous reconnaissent, nous rappellent des passages du dernier spectacle… Certaines de nos interventions auront un côté surréaliste. Jouer au milieu d’une rue au cœur de la Gombé (quartier des ambassades, des affaires et des blancs), devant le supermarché pour Mundélé le plus cher du Congo avec 20 gamins (que le Kinshasa bien pensant appelle les shèguès et craint comme la peste) assis par terre regardant tranquillement, ça ne manque pas d’éveiller la curiosité. Peut-être une autre forme de pédagogie… Depuis le début de notre travail à Kinshasa, on a imaginé nos spectacles comme un moment d’enfance, des instants qui rassurent, éveillent l’imaginaire, la créativité. Hier soir, on a compris que ça marchait. Les enfants embarquent avec ces marionnettes, simples objets du quotidien. Les duos deviennent trio, voire solo… Ca marche avec les enfants, pour les ados c’est beaucoup plus dur. Arrêt du centre mobile au Rond Point de La Victoire… Une dizaine de petits dorment au milieu de la foule sur un bout de béton, serrés les uns contres les autres, leurs tongues passées aux poignés pour pas se les faire voler. Un groupe de filles arrive et monte dans la camionnette de soins d’ORPER. On observe, on réfléchi comment intervenir. Petit à petit des garçons plus grands (14/16 ans) arrivent. Il y en a de plus en plus. Au fur et à mesure qu’ils arrivent, y’a moins de filles, y’a moins de petits. Toujours l’alcool, la peur, la domination. Ca parle fort , ça bouge. Tout est imprévisible pour nos regards néophytes de cette culture, de la situation de ces jeunes. On joue quand même. Les jeunes ne s’asseyent pas, ils dansent pendant les spectacles mais ils écoutent et sont bien là. Quand on arrête, les marionnettes redeviennent immédiatement des casseroles et des boutons de couture et les personnages manipulateurs (les français en tout cas) redeviennent des blancs qui ont de l’argent et de la nourriture. Départ houleux, la magie n’a pas résisté longtemps pour peu qu’elle ait même existé un instant. Nous sommes maintenant certains que les représentations nocturnes nous permettront de toucher les petits, d’attirer leur confiance et nous sommes aussi persuadés que nous devons inventer autre chose pour les plus grands. Quelque chose qui ne passera pas par des représentations. On y travaille.

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