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Clowns Sans Frontières à Kinshasa
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9 mars 2007

Les shégués du grand Hôtel

C'est au centre de kinshasa et de quelques quartiers periphériques que vivent, survivent, les shegués, terme péjoratif,sauvageons, racailles, exclus, violents,defoncés aux medicaments, aux whisky en sachet plastique à un dollar (namasté aux indiens). Derrière les baffes, la nuit, le racket, le rejet des autres, l'arrogance deplacée du blanc qui sirote sa bière a douze dollars, il y a des enfants, juste des enfants, terrorisés, victimes d'une société qui se desagrège, s'évapore vers les sirènes de l'individualisme, de la course permanente pour survivre...

C'est dans ce contexte et avec ORPER, qui travaille avec eux, que nous debarquons Fabrice et moi en pleine nuit dans leur voiture amenagée pourles soins medicaux. L'accueil est chaleureux, ce rendez vous est une chaleur pour eux. Blaise l'educateur s'entretient en particulier avec chacun qui passe, le père Zibi et Kopé le chef de projet font le tour du quartier,l'infirmier soigne a l'interieur du camion, la situation est posée.

Dans ce KO avec Fabrice on se fait plus petit, moins grande gueule. Habillés de notre traditionnelle salopette, couleur bleu, voir terre, voir crade, on tate le terrain, chausse le nez de clowns et en avant pour de l'impro rigolo toute feutrée. Ces gamins faut les occuper, detourner leur attention, créer, imaginer. Beaucoup nous parlent, analysent leur situation, certains recherchent l'affection et te collent jusqu'à une limite difficillement supportable. Arrivent des gamins zombies, pleins de cachets, de drogues, de peurs. On alterne impros et puis, sans le nez, discussions. Trés vite sales comme des images on se retrouve assis par terre, coincés, vidés, happés par quelques gamins nous tenant le bras, la main, ou tout simplement avachis le cul dans un carton.

Trop vite on n'a plus d'énergie, plus le temps passe, plus notre degré d'acceptation, notre patience s'amenuisent. La violence entre eux est terrible, petite gifle, gros pains dans la gueule, bagarres, racket et intimidations des ados. C'est à même le sol que le plus violent du quart d'heure précédent m'initie à leur jeu préferé : pile ou face avec une piece de cinquante centimes de francs francais de notre enfance. Ce gamin me prete 100 francs congolais, un cinquieme de dollar, je joue, je gagne, je perds, ça joue vite a même le sol, de l'argent, beaucoup d'argent.. A la fin, le gros gagnant partage, redistribue, pour eviter les tensions,les jalousies. C'est au bout d'une heure et demie, alors que l'on croit qu'il est déjà minuit, qu'on décide de se retirer.

On a tenté, vu, observer, experimenté. Le rendez vous est pris pour ce soir,vendredi, deuxième épisode. Ces enfants sont l'axe de notre projet, d'une réflexion sur nos manières de toucher et de renconter un public spécifique. Encore trop peu de recul, pour analyser et comprendre la pertinence de notre démarche avec les Shégués. Continuons à échanger avec eux, detourner leurs quotidiens absurdes, avant de réfléchir la tête froide, dans un petit moment, à la suite de notre projet avec eux.

BizZ à toutes les racailles de France

Guillaume

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